Tout
en fondant une voie particulière, Mame Cheikh influence donc profondément la
formation des normes dominantes mourides, au niveau des vertus d’un travail
physique pénible au service du marabout et de la prééminence de l’éducation par
rapport à l’enseignement (pendant la tarbiya,
l’apprentissage au daara). Il disait : « Ma voie est celle du travail
dans le sens divin du terme. Travail qui rend tout à Dieu et rien pour
soi-même! »
Le
travail chez les Baye Fall a plusieurs vertus, il est un moyen religieux
d’éducation et d’ascension accessible et efficace, il discipline le corps et
libère l’homme saint des préoccupations matérielles. Le travail éloigne l’homme
des vices, de l’ennui et le besoin (Source : Charlotte Pezeril dans Islam, Mysticisme et Marginalité), ce
que Mame Cheikh avait déjà compris. En réalité il disait souvent : « Un jeune se
doit de beaucoup travailler et de d’amoindrir ses tentations ».
Loué
pour être le disciple le plus « efficace », Mame Cheikh reçut l’ordre de
Serigne Touba pour tenir compagnie à Serigne Habibou Mbacké (frère de sang de
Serigne Touba) déjà porté en terre. Baye Moustapha Seck, fils de Djibril Seck
(fervent talibé de Serigne Modou Moustapha Fall) célèbre conférencier, ayant
rencontré une bonne partie des anciens Talibés de Mame Cheikh nous rapporte que
c’est ainsi que Mame Cheikh commença à défricher ses propres villages, tout en
se basant sur les lumières divines que Serigne Habibou Mbacké lui lança. Il
créa successivement :
- ''Ndia Keur Madièye'' comme premier village, qu’il légua à Serigne Modou Mbenda et Serigne Mbacké Fall.
- ''Darou Rahim'' et ''Khourou Mbacké'', légué à Serigne Mortalla Fall
- ''Darou Mouhit'' (actuel Guéb Fall), légué à Serigne Aliou Fall Mbawor ;
- ''Bakhdass'', légué aux Talibés ;
- ''Touba Fall'' (ex Mbam Fall, baptisé par Serigne Bara Mbacké), légué à Serigne Modou Moustapha Fall ;
- ''Kawsara'', légué à Cherif Assane Fall ;
- ''Nguiguiss'', légué à Serigne Abdou Shakor Fall ;
- ''Gouy Nguène'', le dernier village qu’il a défriché, légué à Serigne Abdoulahi Fall Ndar ;
Photo : Ancienne concession de Mame Cheikh à Thiès (source: Oumar Ba, dans Ahmadou Bamba face aux autorités coloniales)
Aujourd'hui
comme hier, les vrais Baye Fall continuent à défricher chaque année des
centaines d'hectares, en abattant en une journée des superficies
importantes. Et ces villages ont été envisagés comme une structure
éducative, religieuse et sociale, qui promeut la tarbiya, mais aussi une
période de formation pour le disciple parce qu’ils permettent de s’endurcir et
d’acquérir un certain détachement par rapport aux épreuves de la vie.
Merci baye Fall vous faites un travail exceptionnel. Il nous faut toujours oeuvrer sur la voie de Mame Cheikh Ibrahima FALL
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