Le
Mouridisme : la vitrine de la culture sénégalaise
« Dans son sens le plus large, la culture peut aujourd’hui être
considérée comme l'ensemble des traits distinctifs, spirituels, matériels,
intellectuels et affectifs qui caractérisent une société ou un groupe
social. Elle englobe, outre les arts, les lettres et les
sciences, les modes de vie, les lois, les systèmes de valeurs, les
traditions et les croyances ». De tous ces traits distinctifs,
la particularité de la culture se distingue comme un système de valeurs, qui
magnifie l’image d’une nation et caractérise son importance sous les yeux des
autres nations.
Une nation qui a réussi sur tous les plans
(sociaux, politiques et économiques), est une nation qui s’est efforcée de
sauvegarder sa culture. A l’image des pays francophones, anglophones,
lusophones qui se sont imposés à travers l’évangélisation jadis et à la
mondialisation aujourd’hui. Prenons un exemple concret, au Sénégal, à travers
les langues enseignées dans les lycées et les universités que ce soit l’anglais,
le français, l’espagnol, l’allemand etc…la culture y prend une place
importante, ils nous transmettent le langage tout en nous inculquant leurs
valeurs. La justification de cet apprentissage déguisé repose sur cette
assertion : « l’environnement définit l’homme », alors qu’ils sont, eux, les
premiers à façonner l’environnement, voire le dompter. A titre illustratif, René
Caillé a découvert l’Afrique en premier lieu, ensuite nous avons assisté à la
construction des forts, puis l’arrivée des militaires, ainsi commença la
colonisation.
Respecter le choix d’autrui n’est-il pas
respecté son propre choix ? En réalité, le non-respect de la culture africaine
par les blancs a retardé le décollage du berceau de l’humanité. En particulier,
la culture sénégalaise qui se caractérise notamment par son gout pour la Lutte,
la Musique et la Danse (fameux système LMD), et cet intérêt porté sur ce
triptyque pour notre émergence montre notre médiocrité aux yeux des
occidentaux, car tout simplement nous sommes incapables de cerner les tenants et
les aboutissants de nos valeurs.
Il y a un slogan qui dit « vivre coûte
beaucoup, mourir aussi donc faisons face à la dignité ». La dignité, oui ! Le
concept approprié pour parler de valeurs, d’éthique et de déontologie pour
enfin arriver à la culture. Mais que dise nos sauveurs « on nous tue, mais on
ne nous déshonore pas », la devise sénégalaise « un peuple, un but, une foi »
ne reflète-t-il pas notre dignité, nos valeurs ?
Il nous faudrait donc une force pour vaincre
ce fléau à travers une révolution culturelle digne de ce nom, ce qu’avait déjà
compris Cheikh Ahmadou Bamba l’émancipateur de l’Islam de la royauté et des
royaumes. En effet, les occidentaux avec tous leurs concepts n’ont pas pu
encore atteindre le Cheikh et ils ne pourront le dépasser.
Le Cheikh a fondé l’ordre religieux
négro-africain à travers l’enracinement qui nous a permis d’obtenir une
ouverture dans le monde afin que chacun puisse y trouver son compte. Le cheikh
a réussi à créer un écosystème impressionnant, à travers son émissaire Cheikh
Mouhamadou Mourtada Mbacké, des résidences furent baptisées en son nom, pour
l’enseignement des sciences religieuses et l’expansion de nos valeurs. Cette
stratégie d’internationalisation nous a permis de regagner notre place, car de
nos jours beaucoup d’occidentaux s’intéressent à nos croyances et nous
redonnent le respect que nous méritions.
Le mouride s’est pratiquement opposé à la
mondialisation en menant une vie austère qui le détache de tous les interdits,
tout en symbolisant le mouridisme sous ses facettes culturelles.
Aujourd’hui la communauté continue à
propulser la culture sénégalaise, la langue "wolof" que parlent les
Mourides, ne souffre en général d'aucune intrusion de langues étrangères. Leurs
accoutrements dégagent l’authenticité et nous rappellent nos ancêtres (Boubou,
pantalon bouffant, babouches, turki njaarem, baye lahad etc...). D'ailleurs la
communauté cultive une nette démarcation vis à vis des cultures occidentales et
arabes.
Foncièrement communautaire, la communauté
Mouride entretient jalousement une réputation de solidarité, qui fait de chaque
membre le maillon d'une chaîne ininterrompue. La différenciation entre
bourgeoisie et prolétaire n’est plus une actualité au sein de la communauté.
Car la contribution de tous est une règle d'or, pour réaliser une œuvre ou
faire face à un évènement social (blog :
sadibou.free.fr). N’est-ce pas ce
qui a permis à Mao Tse Toung de devenir chef communiste durant sa longue
marche.
Le Cheikh est la parfaite incarnation du
citoyen sénégalais, donc justice est de lui rendre grâce et hommage à Lui et à
son serviteur Cheikh Ibrahima Fall. Si Cheikh Ahmadou Bamba est un soleil et
dont la vocation est d’illuminer l’existence, Cheikh Ibrahima Fall, cette
lumière prodigue de la Sainte Servitude, dissipa toutes les ténèbres
interposées entre ce Soleil et les serviteurs, afin que l’islam rayonne de tout
son éclat et toute sa splendeur à la Gloire du TOUT MISERICORDIEUX et à Son
MESSAGER (Cheikh Ahmadou Bamba, « Le
suprême secours », Maam Samba, 2017)
En ce mois de « Safar » qui prend sa fin,
Qu’Allah nous gratifie des biens de Khadimou Rassoul, et nous accorde les
bienfaits du mois (Gamou) à venir.